Cameroun: opération 500 entreprises féminines leaders d’ici 2026

Cocoricoeur o.n.g et son partenaire local, l’association A.P.G.A.I.D.O, lancent au Cameroun, l’opération « 500 entreprises féminines leaders d’ici 2026.

Une entreprise sur 3 est détenue par une femme dans le monde. Un score qui pourrait s’améliorer, mais qui reste largement au dessus de la moyenne dans certains pays d’Afrique, notamment le Cameroun. On pourrait être tenté de croire que dans ces régions les femmes manqueraient de dynamisme ou d’initiatives, que du contraire. Elles représentent le poumon économique de leurs familles. 95% de ces femmes, mènent leurs activités socio-économiques dans l’informel et une grande partie dans le secteur de l’artisanat d’art. Elles ignorent leurs forces, travaillent énormément, sans prise de conscience de leurs leadership.

L’objectif de ce programme est d’amener cette prise de conscience, pousser les femmes à se projeter en tant que chef d’entreprise et non comme « débrouillarde ». Un accompagnement est effectué auprès de chacune d’elle pour leur transmettre les bases de la gestion, la compréhension des marchés dans lesquels elles se trouvent, pour in finé opérer un passage progressif de l’entrepreneuse à l’entreprise.

Pour le lancement de la campagne, une conférence sera organisée à Yaoundé le 8 mai prochain afin d’informer sur les enjeux et les méthodes de l’opération. Trois thématiques seront également abordées:

  • L’initiation à l’intelligence économique
  • L’initiation à la création d’entreprise
  • L’initiation aux réseaux sociaux comme outil de commerce

Respectivement par Yves Fowa, Babette Vitale Dan et Ngnoba Raoul.

La culture africaine est-elle prête à s’industrialiser?

Les industries culturelles sont porteuses non seulement de valeurs et d’identités mais contribuent considérablement au développement local. Portées par des entrepreneurs culturels, ces derniers font faces à de nombreux défis qui limitent leur performance dans la production, la promotion et à la diffusion de produits et services culturels. Dans cette contribution, nous nous proposons de revenir sur quelques-uns puis de proposer des pistes de solutions.

La culture africaine est-elle vraiment prête à entièrement s’industrialiser ?

D’emblée et pour limiter toute asymétrie d’information dans notre analyse, il nous parait important d’indiquer quelques considérations préliminaires. Il est généralement admis qu’il y a industrie culturelle lorsque les biens et services culturels sont produits, reproduits, stockés ou diffusés selon des critères industriels et commerciaux :  c’est-à-dire une  production  en  grande  série  et  une stratégie  de  type  économique  prioritaire  sur  toute  visée  de  développement culturel. Cependant, signalons que c’est la présence du capital, de la mécanisation et de la division du travail, et non les intentions des auteurs, qui détermine le caractère industriel ou non d’une production. Ainsi, l’industrialisation de la culture africaine, dont nous traitons, renvoie essentiellement à deux formes de distribution : la reproduction sur copie individualisée et  la  diffusion,  sur  des réseaux appropriés, d’une seule copie captée par des milliers de récepteurs.

La culture, a-t-on coutume de dire, est le moteur sinon le cœur du développement économique. En effet, l’industrie culturelle et créative est le secteur de l’économie mondiale qui connaît la croissance la plus rapide, estimé à 7 % du PIB mondial. Ce discours contemporain sur les industries culturelles est bien optimiste. Alors que certains n’y voient qu’un magma déstructuré et diffus au sein duquel il semble difficile de se repérer, d’autres y perçoivent le gisement d’un énorme potentiel économique qui demeure largement sous-exploité.

Ce dernier cas, nous renvoie à la situation de la culture en Afrique, qui n’est point au cœur du développement mais au cœur du fleuve Léthé[1]. Le moteur de la culture en Afrique subsaharienne est donc en panne et dysfonctionne. Et nécessite par conséquent des « réparations » pour assumer pleinement son rôle de catalyseur de l’économie nationale. Tous s’accordent sur la nécessité voire l’urgence de mieux structurer et règlementer le secteur des arts et de la culture afin qu’on puisse véritablement parler d’industrialisation de la culture africaine.

Quelques obstacles à la structuration du marché des industries culturelles.

Le principal dénominateur commun à la plupart des pays ACP[2], c’est la faiblesse des politiques sur l’économie de la culture. Il s’agit entre autres :

  • Le faible soutien aux entreprises culturelles.

C’est ce que soulignait Moelle Kombi, ministre camerounais des Arts et de la Culture: “Ces structures sont confrontées à des problèmes juridiques, de structuration organique et fonctionnelle et de financement ». On tournera toujours en rond en soutenant les entrepreneurs culturels sans que l’encadrement règlementaire, juridique et fiscal ne soit mis en place par les Etats.

  • De l’insuffisance de cadres et experts formés aux métiers des industries culturelles et créatives.

Dans l’industrie du cinéma africain par exemple, la majorité des organisations professionnelles ont des faiblesses structurelles qui les empêchent d’être des interlocuteurs et des forces de propositions auprès des partenaires institutionnels. Si bien que ces derniers ne recueillent que les points de vue des individus et se retrouvent isolés quand il s’agit de prendre des décisions. Et comme le soulignait jadis le producteur burkinabè Toussaint Tiendrebeogo, les organisations professionnelles du secteur de la culture ne « disposent pas d’expertise suffisante pour être porteuses de propositions pertinentes et concrètes auprès des bailleurs de fonds ni même auprès des États. Ceux-ci ne peuvent mettre en place des politiques si elles ne sont pas inspirées par le milieu qu’elles doivent soutenir ». En effet, le manque de formation des entrepreneurs culturels et la nature souvent  informelle  des  méthodes  de  gestion  constituent  des  contraintes  techniques  et culturelles qui empêchent l’élaboration avec une capacité suffisante de stratégies à moyen et long  terme  pour  intégrer  les  logiques  du  marché  local,  sous-régional  et  international. Telle est la tâche à laquelle l’Organisation Internationale de la Francophonie s’attèle aujourd’hui à travers son opérateur direct au service du développement africain : l’Université Senghor d’Alexandrie. On y forme des cadres en matière d’entreprenariat culturel à travers son Département de la culture qui contient des filières tels que Gestion du patrimoine culturel (GPC), Communication et Média[3] (CM) et gestion des Industries culturelles (GIC) pour résorber à ce déficit de cadres en Afrique. Au-delà de cette formation de professionnels du secteur culturel, il est aussi important, pour saisir les opportunités numériques et le contexte de la mondialisation, de disposer d’un meilleur accès au financement afin de moderniser leurs équipements, de concevoir de nouvelles méthodes de production et de distribution et d’adapter leurs modèles commerciaux.

  • Le faible accompagnement des collectivités locales

En effet, avec l’inefficacité des politiques de décentralisation, les collectivités locales que sont les régions, les communes et les communautés rurales n’ont pas suffisamment de fonds pour la promotion des arts et de la culture. On note également des besoins en matière d’infrastructures et de ressources humaines qui défavorisent le renforcement des entreprises culturelles locales privées. Or la culture fait partie de l’attractivité d’une ville au même titre que son dynamisme économique. Il est donc important que les collectivités locales développent leur stratégie de marketing territorial de la culture et établissent des partenariats publique-privés avec les acteurs culturels. Les dimensions culturelles du développement des territoires se manifestent en chacun de nous à travers différents points de nos coutumes et nos traditions.

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Artisanat africain: l’industrialisation par le bas

L’artisanat d’art que les touristes viennent acheter ici au SIAO (le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou) n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’artisanat qui pèse lourd dans les économies africaines, c’est celui que représente ce réparateur de portables : un artisanat dit «utilitaire» qui fabrique des meubles ou des outils et qui travaille pour la consommation locale. L’Afrique reste exclue des flux d’investissements mondiaux (elle n’a drainé l’année dernière que 2% des investissements directs étrangers de la planète. Puisque l’industrialisation n’a pas encore véritablement eu lieu, les petits producteurs tentent de se saisir du marché. Et ils innovent, pour tenter de réduire leurs coûts de production.

Maurice Bado est installé à Réo, dans le centre-ouest du Burkina-Faso où il construit des pompes à pédales. Il fait partie de ces petits producteurs qui ont tenté de lancer un équipement bon marché, capable de faire concurrence aux motopompes importées. Pour maximiser ses bénéfices et proposer le prix le plus attractif possible, il tente d’inclure dans sa pompe un piston «local» dans lequel le caoutchouc est remplacé par… du cuir de taureau.

«Le problème, avant avec le piston c’est le coût, parce que le caoutchouc était importé. Jusqu’à destination, ça revient cher. Il faut venir le chercher ici à Ouaga… Pour résoudre ce problème, on a essayé de mettre du cuir à la place du caoutchouc qui était importé. Et le cuir est sur place au Burkina ici. Le cuir fait 8 000 francs [CFA] l’unité. Le caoutchouc partait autour de 15 à 20 000 sans le transport».

Au Niger, les artisans ont trouvé une solution différente au même problème : ils produisent des pistons à partir de produits de récupération : tuyaux, sachets plastiques, etc. Certains théoriciens du développement ont prôné en leur temps la mise en place d’industries de substitution aux importations, pour lancer les économies africaines. Ironie de l’histoire : les usines ne sont pas venues et c’est la rue, ce sont les petits producteurs qui réinventent cette idée.

Faute d’industries, c’est également l’artisanat qui est placé en première ligne dans le défi de la «valeur ajoutée». La seule exportation de matières premières brutes n’a pas permis d’asseoir une croissance suffisante pour lutter contre la pauvreté. Les gouvernements cherchent actuellement à obtenir que leurs matières premières puissent être transformées sur place : scieries pour le bois, filatures pour le coton, usines de produits pétrochimiques pour le pétrole. Vu le faible nombre d’investisseurs, cette transformation industrielle génère encore peu de revenus dans les pays du continent. La petite transformation permet en revanche à de nombreuses familles de vivre. Al-Ayat Ouedraogo et son père, Adama, ont par exemple transformé leur élevage bovin en une petite entreprise qui vend le lait pasteurisé et le yaourt sur la place ouagalaise. Il a fallu investir, mais la rentabilité est au rendez-vous.

Jouer la complémentarité entre les pays

Car on ne s’improvise pas non plus entrepreneur. Premier problème, le prix de la matière d’œuvre, la matière première utilisée par les artisans. Au Burkina-Faso et au Niger, par exemple, le bois fait défaut aux menuisiers. Dans ce marché de pénurie, les commerçants font la loi et les planches qui viennent des pays côtiers sont vendues au prix fort. Avant même que l’artisan ait mis la main au rabot, ses bénéfices sont déjà largement entamés. Pour tenter de remédier au problème, les organisations professionnelles de sept pays de la sous-région se sont regroupées en une association, nommée Ghakoï-Sud, grâce à laquelle elles se tiennent informées de leurs besoins. L’année dernière, les Ghanéens ont ainsi acheté pour leurs collègues burkinabés du bois directement au producteur. Après avoir négocié le prix, ils ont procédé à la découpe sur place, au Ghana, ce qui a également réduit les coûts de transport. Le principe du Ghakoï-Sud : faire jouer au maximum la complémentarité entre les pays pour trouver les produits là où ils sont le moins cher. Autre exemple, les burkinabés ont envoyé du cuir à leurs collègues béninois.

«Eux autres, ils sont Sahariens. Ils ont la facilité de tanner les peaux»

explique Léon Gansou Quovadis le président du regroupement des artisans de Cotonou

«nous nous en avons besoin pour utiliser dans la doublure des chaussures et des sacs. Donc, par coup de fil, ils nous procurent ça, et ça arrive chez nous. Donc, pour leur permettre de rentrer dans leurs fonds, en échange nous leur envoyons les produits qui transitent par la Côte tels que le cirage, la colle, les clous, les pièces pour leurs machines, les fils, et d’autres choses…»

Deuxième problème, l’éclatement des unités de production artisanale en tous petits ateliers, dans lesquels il faut tout faire : produire, faire connaître son produit, vendre… Courir au four et au moulin empêche l’artisan de produire en grande quantité… D’où la réflexion de certaines structures d’appui sur la construction de «filières» à toute petite échelle. L’idée ? Inciter l’artisan à ne faire que ce qu’il sait le mieux faire : produire. Et l’encourager à laisser la vente ou l’installation à d’autres, dont c’est le métier. Les artisans doutent pour l’instant, car diviser le travail signifie après tout… partager le fruit de la vente! «C’est une idée fausse» répond Charles Bakyono, responsable technique du programme d’appui aux artisans du Burkina-Faso…

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Le paradoxe économique de la filière textile en Afrique

L’Afrique produit plus d’un million de tonnes de coton par an, mais ne produit que peu de textile.

La plupart des économies africaines exportent ses matières premières à l’état brut. Aucune transformation n’y est apportée. Le coton est produit et filé en Asie. Les vêtements et les tissus sont produits dans le monde entier et les même économies africaines importent ces tissus et vêtements.

TEDex présenté par Aïssa Dione, designeuse textile franco-sénégalaise, expliquant le paradoxe économique de la filière textile d’Afrique de l’Ouest.